Le Montreuil FC se hisse en 16e de finale de la Coupe de France !
- Dimanche 21 décembre, le club de Régional 1 a prolongé son rêve en Coupe de France en battant 2-1 l’US Chauvigny, club évoluant une division au-dessus de lui.
- Les Séquano-Dionysiens accèdent ainsi aux 16e de finale où ils recevront Amiens, club de Ligue 2.
- Le Montreuil FC, club populaire de quelque 1000 licenciés, poursuit donc sa folle aventure, devenant désormais le Petit Poucet de la compétition, avec les Normands de Bayeux.

L’ailier gauche Saloum Soumaré ambiance le public de Montreuil.
« Si t’es pas prêt, reste chez toi/ Ici, c’est Montreuil-sous-Bois ! » Saloum Soumaré a mis toute l’énergie qu’il lui restait dans la célébration d’après-match. Derrière son mégaphone, le n°17 du Montreuil FC a fait danser et chanter sous la pluie une bonne partie des 1500 spectateurs du stade Auguste-Delaune de Bobigny, où la rencontre avait été déplacée, faute d’homologation du stade de Montreuil.
Mais l’ailier gauche des Vert et Noir, entré en cours de jeu, n’a pas eu qu’un rôle d’ambianceur. Il a notamment été partie prenante de l’action qui a amené le but de la délivrance pour Montreuil, jusqu’ici gêné aux entournures par une solide équipe de Chauvigny.
Jusqu’à la 82e minute donc, où Saloum Soumaré déviait de la tête une longue transversale pour Mehdi Khaouad. L’arrière gauche déboulait dans son couloir et centrait à ras-de-terre pour son demi-frère Anthony Adel. « Mon frère sait que j’aime bien les ballons au second poteau. Son centre est parfait. J’ai mis toute ma force et le ballon part en lucarne. Je suis trop heureux », racontait après coup le buteur décisif du soir, déjà déterminant contre les Mahorais du Bandrélé FC, éliminés 1-0 par Montreuil lors du 7e tour de Coupe de France.
Une action entre frangins
Auparavant, ça n’avait pourtant pas été une partie de plaisir pour l’équipe de Régional 1, accrochée par l’US Chauvigny, formation âpre et vive, un peu dans le style d’un certain William Prunier, son coach. Pour la petite histoire, l’ancien international français, devenu entraîneur de cette équipe poitevine, n’était pas tout à fait dépaysé hier dans le 93 puisqu’il a été formé… à Montreuil.

Dès la première minute, Chauvigny s’est retrouvée à 10 contre 11, après l’expulsion de Logan Assignon.
La première demi-heure notamment aura été très houleuse pour les locaux. Le scénario de la rencontre aurait pourtant dû les avantager : dès les premières secondes de jeu, Logan Assignon voyait rouge à juste titre côté Chauvigny, mais cette expulsion, loin de mettre en confiance les Montreuillois, les déstabilisait plutôt.
« Ce carton rouge et la supériorité numérique qui en découlait nous a un peu perturbés dans notre pressing. Tout à coup, on ne savait plus si on devait y aller ou non. Et on a logiquement été sanctionnés de notre passivité par le premier but sur coup franc », analysait l’avant-centre montreuillois Idris Kadded.
A la 18e, Ayadi ouvrait en effet le score pour les visiteurs d’un somptueux coup franc aux 16 mètres sous la barre. Les déboulés constants de Blin, feu follet de Chauvigny, gênaient considérablement la défense locale et sans Kalvin Guédé, milieu de terrain reconverti en défenseur central de luxe en l’absence du capitaine montreuillois Bakary Niakaté, l’addition aurait pu être plus salée.
Heureusement, Montreuil se réveillait à peu près en même temps que le tableau d’affichage du stade Auguste-Delaune, en berne jusqu’ici. Et à la 39e, après un penalty transformé par Idris Kadded pour une faute incontestable du gardien de Chauvigny, ce même tableau pouvait afficher 1-1, score sur lequel les deux équipes se séparaient à la pause.
« A la mi-temps, j’ai rappelé aux garçons qu’on était la dernière équipe du 93 encore en course, qu’ils avaient donc une responsabilité vis-à-vis de notre département. Après ça, j’ai enfin vu une équipe qui a arrêté de jouer petit bras », expliquait Samy Guenfoud, coach de cette formation depuis 4 ans.
En deuxième période, Montreuil se montrait en effet plus entreprenant et Chauvigny, fatigué par sa longue situation d’infériorité numérique, baissait peu à peu de rythme. Jusqu’à cette 82e minute donc, où Anthony Adel délivrait tout le stade.
« Les efforts l’un pour l’autre »

Idris Kadded a transformé un penalty à la 39e pour revenir à 1-1.
Après cette victoire – la 2e face à un adversaire mieux classé après le tour précédent face à Granville, une N2 – une douce folie s’emparait des « Narvalos », les quelque 300 ultras de Montreuil, qui fêtaient à coup de fumigènes et de slogans endiablés. Dans les vestiaires, ce n’étaient que sourires, accolades et félicitations. « C’est beaucoup d’émotion et de fierté, répétait Matala Coulibaly, enfant du club, entré en cours de rencontre avec son n°19. Ce soir, mes deux petits frères, Ibrahim et Souleymane, ma tante et mon petit neveu étaient venus me voir, disait, tout sourire, ce latéral gauche, qui confiait avoir travaillé le matin même pour son employeur, la communauté de communes Est Ensemble.
« On s’en est sortis en faisant les efforts l’un pour l’autre », appuyait Kamal Toussi, le milieu défensif, arrivé cette année au club depuis Montrouge. « Ce club, c’est parfait pour moi, ambitieux mais familial », expliquait ce père de 3 enfants, employé à la RATP.

La joie de tout le vestiaire montreuillois à la fin du match.
Et tout à coup, une annonce : « les gars, on va recevoir Amiens ! » Magie de la Coupe de France et des réseaux sociaux, les joueurs apprenaient le tirage de leur 16e de finale en direct : Amiens, actuel 14e de Ligue 2, se déplacera en Seine-Saint-Denis le week-end du 10 janvier. « Dommage, j’aurais voulu une L1 ! », regrettait l’un. « C’est pas mal, on peut encore espérer prolonger l’aventure », espérait un autre. Quoi qu’il en soit, le 10 janvier, Amiens doit savoir une chose : « Si t’es pas prêt, reste chez toi/ Ici, c’est Montreuil-sous-Bois ! »
Christophe Lehousse
Photos: ©Eric Garault